1.Je veille sur les morts, mon regard est de pierre. Ma tête fauve se lève à l'est et mon corps repose depuis des millénaires. Autrefois gardien d'un monde d'or et de sable, Je fus oublié sous les dunes avant d'être réveillé.

2.Je suis né sous le vent des grandes steppes. Je chevauchais aux côtés du Tonnerre et de l'Empire sans mur. Mon étendard portait les deux cornes du ciel Et le loup m'appelait frère dans la nuit gelée.

3.Je suis l'ombre dans la brume des Carpates, Un seigneur sans reflet, tapi entre les murs d'un château oublié. Mes crocs ont traversé les siècles, Et les superstitions naquirent de mes silences.

4.Je suis la cité qui flotte entre deux mondes, Masquée le jour, masquée la nuit. Mon chant d'eau résonne dans les palais abandonnés, Et sous mes ponts, le secret glisse comme une gondole noire.

5.Je suis la lame dans le silence, Le pétale tombé avant l'aube. Je vis entre le sabre et l'encre, Là où le dragon côtoie le cerisier.

6.Je suis le chant de la terre rouge, Le rêve peint sur la roche. Mon esprit serpente dans les grottes ancestrales, Et le feu du désert murmure mon nom aux étoiles.

7.Je suis le souffle entre les pics blancs, La prière qui tourne dans le vent. Mon silence est un temple où les cieux s'ouvrent, Et mon regard perce l'illusion.

8.Je suis le berceau des dieux oubliés, Le théâtre où le destin fut écrit. Ma sagesse se cache dans les colonnes brisées, Et mon tonnerre frappe toujours du haut de la montagne.